Vendredi 24 janvier 2025

Publié le 24 Jan 2025

Catégories : Dies et Acta

J'avais commencé un article aujourd'hui sur la dégénérescence de l'art littéraire, malheureusement, m'étant attardé comme à mon habitude sur le plan philosophique, j'en ai oublié de montrer concrètement sa manifestation. Pour le dire court, la démocratisation de l'art lui a conféré une valeur marchande, le dévaluant ainsi de son but fondamental de représentation du monde et de son perfectionnement par une appréciation individuelle. Cette première période de dégénérescence annonça une nécessaire académisation de l'art face à la prolifération d'œuvres insipides. Si cette phase se justifie dans une optique de normativation de l'art, la problématique demeure et même empire, puisque c'est dans le cadre institutionnel démocratique que l'on décide arbitrairement de ce qui devient une œuvre d'exception. D'une dégénérescence de qualité, nous sommes ainsi passés à une dégénérescence de sens, où l'on applaudit les œuvres cryptiques comme Ulysse de James Joyce ou Du côté de chez Swann de Marcel Proust, louées par la critique et suranalysées par les creuses universités de lettres.

Si Ulysse ou Du côté de chez Swann sont souvent présentés comme des chefs-d’œuvre incontestables, il faut poser la question essentielle : par qui, et selon quels critères ? Ces œuvres sont le produit d’une canonisation orchestrée par des institutions qui ont intérêt à ériger des modèles d’excellence abstraite, déconnectés du jugement individuel. Elles ne survivent que grâce à une critique suranalytique et à des mécaniques institutionnelles qui imposent leur légitimité sans laisser la place à une véritable appréciation spontanée.

Ce qui est présenté comme une "grandeur universelle" est, en réalité, un artefact académique, entretenu par la peur du désaccord. En acceptant sans réserve ces monuments comme intouchables, nous participons à un cercle vicieux où l’art cesse d’être une expérience vivante pour devenir une relique figée, privée de son sens.

J'ai finalement opté pour un article sur la critique du cinéma, qui s'intègre finalement dans une perspective similaire, même si nous abordons plutôt le rôle du spectateur, captivé exclusivement par les images, qu'il regarde un blockbuster ou un film d'auteur.

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